"Avec Les 400 coups, François Truffaut entre dans le cinéma moderne comme dans le collège de nos enfances. Enfants humiliés de Bernanos. Enfants au pouvoir de Vitrac. Enfants terribles de Melville-Cocteau. Et enfants de Vigo, enfants de Rossellini, bref enfants de Truffaut, expression qui passera à la sortie du film dans le langage public. On dira bientôt les enfants de Truffaut comme on dit les lanciers du Bengale, les empêcheurs de danser en rond, les rois de la mafia, les fous du volant, bref encore, les drogués du cinéma. Dans Les 400 coups la caméra du metteur en scène des Mistons sera de nouveau, non pas à la hauteur d'homme comme chez le père Hawks, mais à hauteur d'enfant. Et si on sous-entend arrogance, quand on dit hauteur à propos des plus de trente ans, on sous-entend beaucoup mieux, quand on dit hauteur à propos des moins de seize ans: on sous-entend orgueil, bref toujours, les 400 coups sera le film le plus orgueilleux, le plus têtu, le plus obstiné, et en fin de compte, le film le plus libre du monde. (...) Pour nous résumer que dire ? Ceci: Les 400 coups sera un film signé Franchise. Rapidité. Art. Nouveauté. Cinématographe. Originalité. Impertinence. Sérieux. Tragique. Rafraîchissement. Ubu-Roi. Fantastique. Férocité. Amitié. Universalité. Tendresse. "
Jean-Luc Godard. (Cahiers du cinéma numéro 92, février 1959)
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